Transition : les Gabonais ont (vraiment) soif de changement !

17 juin 20240
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Nombreux sont ceux qui avaient souhaité que le pays soit épargné d’une situation post électorale brutale comme celle de 2016 quand le QG de Jean Ping, alors véritable vainqueur de la présidentielle, avait été pris d’assaut dans la nuit par la Garde Républicaine menée par Ali Bongo, le président déchu.

N’en déplaise aux laudateurs invétérés du putsch du 30 août 2023, une grande majorité des Gabonais auraient sans doute oublié le rôle joué par cette Garde Républicaine dans les tueries post-électorales de 2009 et 2016 si la gestion du pays par le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) ne laissait pas entrevoir un retour – en force – des méthodes de l’ancien régime.

Ce sur quoi les Gabonais ne sont pas prêts à absoudre, c’est l’abjecte manière consistant à faire de l’Etat une propriété privée pour une caste. A un point tel que la loi est devenue un instrument discriminatoire entre les mains de quelques privilégiés se considérant comme les maîtres de tout. Plus jamais ça !

Ce vœu républicain de vouloir rendre le droit au profit d’un nivellement social égalitaire ne peut être pourtant exaucé que dans un Etat fort, une carapace en qui le peuple pourra sereinement se reposer. Or les administrés Gabonais semblent de plus en plus en rupture avec le nouveau pouvoir et lui rétire peu à peu le crédit nécessaire pour faire respecter son autorité. Plus jamais ça !

Les Gabonais veulent que la prochaine République soit suffisamment herculéenne pour mettre au pas ses administrés sans pour autant se transformer en un Etat dictatorial à la Bongo Ali [ le président déchu avait le recours excessif à la force et aux arrestations et gardes à vue abusives, face aux manifestations tout au long de son règne de 2009 à 2023]. L’absence de sanction judiciaire contre les dérapages et abus d’autorité des militaires dans les rues atteste, hélas, de cette démission du CTRI à l’égard de ses prérogatives de faire respecter la loi. Pire encore, les détenteurs du pouvoir eux-mêmes s’avèrent les premiers à ne pas donner l’exemple quant à la soumission à la loi.

En effet, il est lamentable de constater que les dirigeants actuels continuent de gérer le pays dans une opacité telle que l’argent récupéré auprès de Noureddin Bongo Valentin et ses amis arrêtés pour détournement massif et malversations financière internationale en bande organisée ou encore l’argent public investi dans de gros investissements ne fait l’objet d’aucune clarification auprès de ses supposés légitimes propriétaires. Plus jamais ça !

Les Gabonais souhaitent que le pouvoir rende compte de l’utilisation des deniers publics. Le futur Parlement est appelé à veiller au grain. Il ne sera plus toléré que l’exécutif opte pour tel ou tel investissement sans l’avis des représentants du peuple. Plus jamais ça !

Dorénavant, tout argent utilisé doit être clairement mentionné dans une quelconque rubrique des lois des finances auxquelles le Parlement aura le devoir d’apporter, par un vote, son aval.

Si le pays avait la chance de pouvoir disposer, au cours de la prochaine République, d’un traitement égalitaire devant la loi, d’un Etat fort qui saura faire respecter cette loi et de gestionnaires redevables au peuple de leur mission, ce serait un bon début pour le décollage économique tant attendu. En tout cas, il ne faut rien attendre de l’effort déployé ici et là pour le développement du pays si les prochains dirigeants ne sont pas déterminés à mettre un cran d’arrêt au non-droit et à la mauvaise gouvernance. Il est temps que le pays soit réellement guéri de tous ces maux qui le minent constamment. Plus jamais ça ! On a suffisamment déconné.

Pierre Parfait Mbadikumbe
Journaliste/Rédacteur/Consultant communication

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