NGOUNIE : Les opérateurs économiques forestiers sous pression

24 octobre 20170
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Dans les localités de Lébamba et Ndendé, des collectifs de villageois se forment pour faire valoir leurs droits Les populations rurales engagent des démarches judiciaires contre les forestiers hors-la-loi. (Gabonews) :

Face à la violation de l’article 251 de la loi n°016/2001 du 31 décembre 2001 portant Code forestier au Gabon obligeant les opérateurs économiques du secteur forestier à honorer leurs charges sociales vis-à-vis des communautés villageoises, les populations rurales sortent de leur mutisme en donnant des insomnies aux exploitants forestiers. Et, l’article 146 de la loi n°007/2014 du 1er aout 2014 relative à la protection de l’environnement en République Gabonaise autorise les communautés locales à porter plainte lorsque leurs droits sont lésés, est claire. C’est, donc, en interprétant ces dispositions que les populations des villages Mouyamba (Lébamba) et celles de Tsangui-Minganga près de la commune de Ndendé, ont décidé d’élever leurs voix.

A Mouyamba, par exemple, le collectif des habitants a entamé une procédure contre le forestier Sunly Gabon à travers son partenaire Tali Bois ayant exploité la zone forestière durant environ 3 ans au mépris du cahier de charges contractuelles non formalisé. Le préfet de la Louétsi-Wano, Yves Yassama appelle à un compris entre toutes les parties. L’apport de Tali Bois est remis en cause, le groupe électrogène se trouve être de seconde main, il n’est pas utilisé pour le moment, le même opérateur forestier avait donné aux populations une enveloppe de 400000 frs cfa. « C’est un geste encourageant, certes, mais il ne repose sur aucune loi  » relève le président de Muyissi Environnement, Ladislas Ndembet. Les populations villageoises ont alors soumis leurs préoccupations à l’ONG Muyissi Environnement qui sillonne le sud du Gabon pour traquer les forestiers illégaux, mais aussi qui s’est engagée aux côtés de l’ONG Internationale Conservation Justice à favoriser la mise en place des cahiers de charges contractuelles entre les opérateurs forestiers et les communautés locales, entre autres.

« Le manque de respect de la loi forestière face aux villageois nous a motivés à porter plainte contre Tali Bois » explique Jean Claude Madoungou, le porte-parole du collectif de Mouyamba. Le contenu des cahiers de charges, lorsqu’ils existent, n’est pas toujours mis en application, sinon le respect de celui-ci est relatif ou très mince. Pourtant les forestiers savent que cela apportera des améliorations dans le quotidien des habitants et, c’est aussi un levier de développement local. « Le changement va commencer quand chacun de nous respectera loi » indique le président de Muyissi Environnement, Ladislas Ndembet. Sur le terrain, on pourrait compter les exploitants forestiers qui répondent à la loi, malheureusement, avec la complicité de certains administrateurs. Il y a quelques temps, la société Sun Harvest Ventures (SHV) implantée aux villages Tsangui-Minganga, a trouvé un arrangement avec les villageois qui attendent toujours les retombées de l’exploitation forestière. Mais pour l’ONG Muyissi Environnement, il faut formaliser cet accord au profit des populations.

François de Paul Ngoma, l’un des responsables de SHV se dit ouvert à cette démarche puisque les habitants avaient même saisi la préfecture de la Dola pour se plaindre. Les communautés rurales mettent la pression sur les forestiers, elles ont l’avantage que l’actuel directeur provincial des Eaux et forêts de la Ngounié, Thomas Mvou Biyogo, tient à la mise en place des cahiers de charges contractuelles comme l’indique l’arrêté n°105 du 6 mai 2014 fixant le modèle de cahier de charges en République gabonaise. Dans l’objectif de réaliser le projet d’Appui à la lutte contre l’exploitation forestière illégale (ALEFI) par les ONG vertes, Muyissi Environnement qui bénéficie de l’apport multiforme de Conservation Justice, est assistée par la direction provinciale des Eaux et forêts de la Ngounié dont Joseph Désiré Mpuzzah était l’émissaire au cours de cette mission effectuée dans les départements de la Louetsi-Wano et de la Dola du 19 au 22 octobre dernier.

Danny KOUELE TOLE

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